Le Loup des Steppes

Transition d'un jeune loup FTM

Archive for the 'Society' Category

Le Clash

C’est toujours très énervant de découvrir que les gens savent quelque chose de très personnel sur vous, depuis des mois.

C’est encore plus agaçant quand il s’agit de vos colocs. Et de leurs amis. Et leurs vagues connaissances.

Les gaffes ça craint.

J’ai envie de passer au-dessus.

Mais quelque chose m’en empêche (en plus de la colère que je ressens).

C’est comme hier. Je déteste les regards qui cherchent la fille en moi. Je les déteste encore plus quand sur le coup je me rends compte que la personne me regarde bizarrement, mais que je suis à des kilomètres de me douter qu’elle sait, et que le lendemain j’apprends qu’effectivement, elle savait. Encore à cause d’une gaffe.

Me dire que pendant des mois les gens savaient, et que je ne savais pas qu’ils savaient me mets très en colère.

Parce que je crains ce qu’ils ont pu penser, en me voyant fille et me sachant trans. Et que ça me fait mal de me dire qu’ils ont cherché le garçon en moi sans le voir. Puisque tout ce qu’ils pouvaient faire c’était regarder l’aspect physique. Je pense que c’est assez difficile à comprendre si ce n’est pas vécu. Disons simplement que ce que je ressens s’apparente à un sentiment de honte.

Il y a des gens à qui je vais tout simplement arrêter de parler. De choses personnelles en tout cas.

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Stuffs

J’ai fait mes cartons aujourd’hui. Dur, dur.

Déjà pour des raisons pratiques. J’ai déjà de nombreux trucs emballés et j’ai l’impression que ma chambre n’est pas plus vide… C’est fou d’ailleurs tout ce qu’on peut accumuler. Surtout que j’ai une tendance à garder des choses inutiles. Comme tout un tas de magazines que je réouvrirai probablement jamais…

Ensuite parce que c’est la fin.

À part ça.

Malgré de nombreuses difficultés bancaires pour payer la clinique aux States, la situation s’est finalement arrangée ce qui m’a libéré d’un énorme stress (peur que, ne voyant pas la thune arriver, ils annulent l’opé). J’ai également faxé les examens de labo avec l’avis du médecin qui me « clear for surgery ».
Voilou, j’ai donc plus qu’à finir mes cartons, faire les derniers préparatifs, faire mes bagages.
Et partir.

Sinon hier c’était la dernière soirée à l’appart. Sans musique pas que nos voisins sont de la Gestapo.
Mais c’était sympa. Bizarre mais sympa.
Pleins de gens ont dit « une coloc avec deux gars et deux filles, c’est cool ». Donc voilà, je passe totalement now. Mais je continue à faire jeune…

En tout cas, j’ai survécu à ma première soirée sans alcool, dans un environnement de tox, où s’épanouissaient les bouteilles de bières, les joints, les clopes… Le tout avec un bras de camé à cause d’une prise de sang qui m’a donné un bel hématome d’héroïnomane. J’aurai jamais du mettre cette image de Trainspotting l’autre jour… Saleté de karma.

Le plus fort dans tout ça c’est que j’avais un horrible mal de crâne ce matin. Ironique hein ?

Life’s a bitch.

But that’s ok…

…I guess.

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Chers anonymes,

Je voulais vous écrire depuis un moment… pour vous vous inciter à commenter plus fréquemment le blog. Oui, vous, lecteurs anonymes. Parce que j’ai souvent l’impression que ça ne marche que dans un sens, alors qu’à la base j’ai créé ce blog pour permettre à ceux qui me connaissent mais ne me voient pas tous les jours de suivre mon évolution, de mieux comprendre mon passé, mon présent et mon futur.

Cependant, si je poste aujourd’hui, plutôt qu’une autre fois à ce sujet, c’est à cause du deuxième commentaire posté anonymement sur le post précédent.

Premièrement, je trouve ça lâche. Je me confie, je livre chaque jour une partie de moi pour vous aider à mieux me comprendre et tout ce que j’obtiens c’est un commentaire anonyme ? Alors oui, parfois, les choses ne sont peut-être pas géniales à entendre.

Mais, c’est mon deuxième point, les choses n’ont pas été géniales pendant mes 21 premières années. J’ai supporté beaucoup. Pas toujours de façon consciente, heureusement. Enfant j’évacuais mon mal être dans une violence dont peut témoigner le mur de ma chambre, ma chaîne hi-fi ou même mon tibia, marqué à jamais par le fracassement d’une lampe contre celui-ci. Alors je trouve ça vraiment nul et facile de me critiquer sur ma façon de réagir à certaines situations, sans avoir le quart de ma situation.

Donc je trouve que poster un commentaire anonyme en disant que je ne mérite plus d’attention, que c’est fini etc, c’est tout simplement minable. SURTOUT quand on reproche de ne pas parler.

Quant à mon dernier post. Je sais qu’il n’est pas facile à lire pour ceux qui m’ont connu avant, et j’en suis désolé. Mais je ne trouve pas que quelques lignes correspondent à de nombreuses années de silence.

Vous voulez quoi ? Que j’arrête d’écrire ? Que j’arrête d’expliquer ce que moi j’ai vécu pendant que vous regardiez cette petite fille s’amuser ? Que j’oublie qu’à 8 ans je priais tous les soirs pour devenir un garçon ? Qu’à 15 ans je crevais dans ce corps en pleine puberté ? Que j’étais écoeuré par tout mon être à 20 ? Que je me faisais mal pour ressentir – extérieurement – quelque chose d’autre qu’une souffrance intérieure atroce ?

Pour vous c’est juste la prise de conscience, qui est, forcément (pour certains), un atterrissage douloureux. Mais je n’ai aucune envie de m’en excuser, parce que je n’accuse personne. Je sais que vous avez aimé V., et tant mieux. Ma transition ne se passerait pas aussi bien si ce n’étais pas le cas. Simplement moi je l’ai détesté, et parfois, j’ai du mal à oublier qu’elle a été là, surtout quand elle s’incruste sur mes photos. J’ai honte de l’avoir laissé exister si longtemps.
Attention, n’allez pas croire que je suis schizo. Bien sûr, j’ai été V., et même si je change physiquement et mentalement, je ne renie pas cette partie de moi ! j’ai simplement envie de bousculer votre rapport à mon identité, qui a changé et changera encore…

Se confier n’est jamais facile, surtout quand on sait qu’on est lu. Mais j’imagine qu’il faut choisir, entre l’honnêteté et le mensonge, et en assumer les conséquences…
Personnellement, j’ai choisi la deuxième option trop longtemps, maintenant j’en ai marre.

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L’imposture

Vous l’avez peut-être senti en lisant mon blog cette semaine : en ce moment mon humeur est en dents de scie…

J’alterne entre joie et stress pour l’opération à venir, mais aussi joie et déprime concernant l’année qui se termine.

Présent et futur. Les deux ont du bon.

Par contre, le passé, oh my… Le passé…

Alors oui, j’admets, regarder des vieilles photos n’est jamais une idée brillante quand on est d’humeur instable.

Mais ça faisait un moment que je voulais parler de mon rapport aux photos (qui évolue en permanence d’ailleurs). Si je le fais maintenant, c’est parce que je viens de mettre des mots sur un des sentiments qui m’habite lorsque je vois mon ancienne carapace en photo.

J’ai l’impression qu’on m’a volé mon passé. Qu’elle – plus précisément – m’a volé mon passé. Cette personne que je vois sur les photos, et qui n’est vraiment pas moi, avec qui je ne connecte plus.

Je sais que pour certains d’entre vous, ce genre de phrase doit faire bizarre, voir mal. Mais j’ai vraiment ce sentiment de dégoût et de colère en voyant ces photos souvenirs. Parce que finalement, quoi qu’il arrive, je ne revivrais pas ces évènements là, et je ne pourrais jamais en avoir un souvenir à mon image. Il faudra que je me contente de me dire que, oui, j’y étais.
Heureusement, j’ai une bonne mémoire visuelle, et je me console en me disant que les vraies photos, je les aient dans la tête.

Comme ce lever de soleil dans la gare d’Amsterdam…

Mais quand même. Ca m’énerve et m’attriste. Ca me donne même par moment l’envie de refaire certaines photos, celles qui comptent. Celle où j’ai une passoire sur la tête en fin de soirée après le bac, celle ou je porte un casque de chantier et une hache dans les rayons de Leroy Merlin, celle où je me vide une mapmonde remplie d’eau dans la piscine gonflable installée au milieu du salon de mes parents, celles où je déambule dans les rues de Montpellier avec F., L., P. ou M.…

Tiens, à cette occasion j’ai envie de préciser : non je n’étais pas « petite ». Non, je n’ai pas envie qu’on parle de « mon moi du passé » au féminin. Non je n’ai jamais été cette fille qu’on peut voir sur les photos. Et ce n’est pas parce qu’à l’époque je n’avais pas les mots pour le dire (ou, plus récemment, le courage), que je me sentais moins garçon déjà à ce moment-là.
J’étais petit, j’étais farceur, dynamique, joueur, etc, et tout ce que reflète les photos et vos souvenirs est un féminin qui m’agresse.

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« Samuel ? »

Oui, vous ne rêvez pas : c’est par l’appel de mon prénom que l’entretien a commencé.
Par « automatisme », j’ai répondu « merci ». Je ne pense pas que le prof ait compris pourquoi.

La suite s’est très bien passée, pas une mention de ma transsexualité (ils avaient mon dossier sous les yeux). Ils m’ont simplement parlé au masculin pendant les quelques minutes d’entretien.

C’était formidable.

D’autant plus que je n’ai ressenti aucun stress. Ni dans le métro, ni en allant à la fac (pèlerinage), ni dans les couloirs, ni au moment de la rencontre. God bless testosterone.

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Le Mâle

J’ai eu les résultats du labo hier, RAS. Je suis dans la moyenne pour tous les taux, donc y’a aucun problème.

Sinon. Il faut absolument que je vous raconte ma mésaventure d’hier.

Je sais pas ce que les caissiers de cinéma ont, mais en tout cas c’est toujours ceux qui me posent des problèmes (alors que j’ai par exemple été contrôlé deux fois dans le métro récemment et aucun problème).

Donc.

La scène se passe à l’UGC Odéon où on avait rendez-vous pour Sex and the City.

À la caisse, je présente ma carte d’étudiant et demande une place. La caissière bloque sur la photo et avant qu’elle ne dise quoi que ce soit je lui dis que c’est bien moi. Elle est obviously sceptique. J’insiste. Après quelques secondes de silence et d’une tête très agacée de sa part elle me sort un « et ça marche à chaque fois ? ». Je lui réponds, « nan nan mais c’est vraiment moi, regardez, c’est le même nom que sur la carte bleue » (j’avais pas de liquide). Et là elle me répond d’un ton extrêmement méprisant « nan mais vous avez très bien pu tout voler d’un coup ». Ha-llu-ci-nant. Scié, je bloque quelques instants et lui réponds que c’est vraiment moi (à ce stade elle commence à m’énerver) et, sortant ma carte bleue la regarde et me dis d’un ton ironique « oui, bien sûr, c’est vous V. ? ». Je lui et répondu que oui, et j’ai carrément sorti mon pass navigo pour lui montrer que c’était toujours moi. Mais elle avait décidé de pas me croire et m’as sorti un dernier « oui enfin ça prouve rien, si vous avez tout volé au même moment »…

Je suis parti en lui disant une dernière fois que c’était bien moi, mais dans un passé lointain. Ca m’a vraiment saoulé de devoir me défendre d’une identité que je déteste. Et puis c’est pas de très bonne augure pour les mois à venir, ceux où j’aurai plus de barbe, ceux où j’aurai une apparence encore plus masculine…
Heureusement une bonne partie de mes cartes (dont ma carte étudiant) auront une photo plus actuelle donc a priori les gens ne regarderont pas le nom.

M’enfin.

Je crois que ce qui m’a surtout agacé c’est que j’ai senti dans son agression verbale un côté « toi homme = mal ».

Comme l’autre fois au Casino. Je venais de payer, je passe le portail magnétique qui sonne sans raison (ça arrive souvent, et avant la transition je regardais le vigil qui me faisait signe de continuer genre « le truc bug »). Là, la caissière me regarde et dit au caissier de « voir avec le jeune homme ». Le type a pris au moins cinq minutes pour vérifier tous mes articles et comparer avec le ticket de caisse. J’ai absolument rien dit pour pas qu’il se tape un trip tout seul. Et après m’avoir fouillé et vérifié chaque article, il m’a dit – visiblement déçu – « bon, vous pouvez y aller monsieur ».

Cette histoire m’a rappelé un blog (pas encore retrouvé l’adresse, mais je cherche) d’un américain black qui racontait à quel point sa transition lui avait fait découvrir les mauvais côtés d’être un homme noir. Depuis, il se faisait contrôler dix fois plus, les femmes le craignaient quand elles se retrouvaient seules dans les couloirs de métro la nuit, etc…

C’est fou quand même. Et ça fait bizarre de se dire qu’être un homme veut dire pour une partie de la société, être plus voleur, tricheur, menteur ou violent…

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Labo

Ce matin je suis allé me faire vider de mon sang (5 tubes) pour les examens pré-chirurgie.
Au programme, des tests bizarres portant des initiales : NES, TP, TCK, BHCG…. bref, du chinois pour moi !

La fille de l’accueil m’a demandé à un moment de quand dataient mes dernières règles. Face à ma tête type « putain, j’avais complètement oublié que j’avais vécu ça un jour. zut, c’était quand déjà la dernière fois ?? » suivit d’un nonchalant « euh, en fait j’en sais rien, ça fait plusieurs mois… », sa réaction m’a étonné.
Je sais pas du tout ce qui s’est passé dans sa tête mais elle m’a rapidement répondu « non mais c’est pas grave, je vais mettre « non communiqué » ».

C. pense qu’elle a dû comprendre (que j’étais trans). Moi j’ai du mal à y croire. Franchement, ça me paraît ouf que ça vienne à l’esprit des gens, même si elle a vu un jeune homme arriver, pour ensuite réaliser en regardant l’ordonnance qu’elle était supposée parler à une Mlle…

M’enfin, c’est peut-être parce qu’en ce moment je me vois pas toujours si masculin dans le miroir. Ca arrive les période comme ça. Où on doute de l’image qu’on renvoit…
Il faut que je me coupe les cheveux ! C’est décidé, demain tondeuse et rasoir pour ratiboiser tout ça.

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Nice, so nice.

En réponse à un dossier d’inscription dans un M1 de la Sorbonne dans lequel j’expliquais mon cas (« je suis trans, blabla, serait-il possible de modifier les listes de cours, blablabla… »), j’ai reçu une lettre hier me convoquant à un entretien le 4 juin…

… superbe en-tête non ?

Oui, je sais que l’administration reste toujours l’administration (et qu’il y a aussi des gens très gentils comme Mme P. que j’ai eu au téléphone il y a quelques semaines et qui m’a dit qu’il n’y aurait pas de problème pour les listes, mais qu’il faudrait le faire à la rentrée), et que c’est probablement plus un automatisme qu’autre chose, m’enfin bon, pourquoi barrer le « Mr », franchement…?

En tout cas, ça va être rigolo cette rencontre, je vous raconterai !

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Hier

Hier je suis allé au cinéma avec S. (a.k.a « la fille du bar »). Hier j’ai maudit le caissier… qui m’a demandé si je voulais un tarif réduit moins de 18 ans. Hier j’ai pensé que la mue ça craignait. Et qu’il me fallait de la barbe. Hier on en a quand même bien ri. Moins de 18 ans. Nan mais je rêve.

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No woman no cry

Bon. Aujourd’hui j’ai un souci de conscience : le problème d’un blog c’est qu’il est lu. Et oui, parfois je préférerais que ma prose se perde dans le world wide web… Pour pouvoir écrire ce que je veux, sans avoir l’impression de raconter la vie des autres lorsqu’elle celle-ci croise la mienne…
A fortiori quand j’ai envie d’écrire sur des gens de mon entourage proche.

Je sais. Vous allez me dire que je pourrais écrire sur un journal perso, et surtout, offline. Et bien figurez-vous que l’ai déjà fait. Mais c’est pas assez cathartique. Cela dit, je crains qu’évoquer vaguement le truc sur le blog ne sera pas plus utile.

Enfin bon, tout ça pour dire que parfois la vie c’est compliqué.
Un soir on sort dans un lieu chouette, on voit des courts-métrages sympas, on boit un peu, on rencontre une fille, ça se passe bien.
Et puis deux jour après on fait un apéro, on boit un peu plus, et puis là, out of nowhere on dit de la merde pendant plus d’une heure à quelqu’un, créant ensuite une situation relativement embarrassante.

Heureusement que la fille du bar est super. Que j’ai des bons amis. Et que la ma version 2.1 est plus à même de gérer les choses (expliquer) avec l’autre personne. Enfin. J’espère.

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