Le Loup des Steppes

Transition d'un jeune loup FTM

Archive for mai, 2008

So Queer… et fier de l’être !

Si ce blog était un film, je vous montrerais plein d’images en accéléré avec une voix-off hyperspeedée qui raconterait le week-end. Parce que mine de rien, il s’en sera passé des choses pendant ce week-end de pont (enfin, vu la longueur, c’est plutôt un viaduc) !

Samedi soir on est sorti avec D., Dw., C., T. et C. dans le 11ème puis dans le Marais. J’ai donc expérimenté pour la première fois un club gay – le Cud – en tant que mec et donc d’insider. C’était marrant, j’ai eu l’impression qu’un monde nouveau s’ouvrait à moi. Pas que celui-là m’intéresse spécialement, mais quand même, c’est fou.

Et puis hier aprèm on s’est vu avec des FTM (et leurs + 1) du forum d’Izechiel, c’était très sympathique et agréable de mettre enfin des têtes (en 3D, pas juste en photo) sur des pseudos.

Bref, je profite de la vie et je me plais dans cette nouvelle identité, où je n’ai pas peur de dire en pleine conversation que je suis trans. Ca vous intrigue ?

Alors. Hier soir à un pique-nique sur les quais on discutait avec D., V., et Dm, et soudain, après une explication sur le fait qu’on est cousins, D. sort « Ouais on est comme frère et sœur ». Silence. Incompréhension. D. ne rougit jamais mais là, à cet instant, je pense qu’il a envie de disparaître. Après quelques instants de flottement bizarre, je dis en me marrant :
« Nan mais en fait je suis trans, et là il vient de faire une énorme boulette ».
Bon, on avait tous un peu bu, donc je me souviens plus exactement des réactions précises mais je me souviens avoir beaucoup ri en entendant les premiers mots. Je crois que ça va devenir mon jeu préféré, m’outer et noter les répliques des gens.
Ah, D. vient de rentrer et se souvient de la réplique – énorme – de V. : « Ah, c’est très contemporain ». Voilà, qu’est-ce que je vous disais…

En tout cas, ça m’a permis d’expliquer ma voix d’ado parce que vraiment ces jours-ci, après 23h c’est de la folie, ma voix se fout trop de ma gueule ! Au point qu’à un moment de la soirée, j’ai demandé à un gars qui servait du rouge de me servir un fond de verre pour la route, et qu’il m’a dit – attention si vous vous moquez, je pars en claquant la porte – « Mais t’es pas un peu jeune pour boire toi ? ». Et le pire c’est qu’un autre mec à côté à renchérit « Grave, tu devrais pas boire ». NO COMMENT !

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Les sens

C’est marrant, alors que mes posts précédents racontaient mon bonheur retrouvé, j’ai eu l’occasion, ces derniers jours de rencontrer à nouveau mes vieux démons.

À savoir ma légère tendance à l’agoraphobie et à la mélancolie. Ce qui est amusant c’est de constater que sous testo, les sentiments ne sont pas les mêmes.
Dans le premier cas, alors qu’avant j’étais capable de paniquer complètement, d’avoir du mal à respirer etc, dans certaines situations, je ne ressens maintenant plus qu’un stress tout à fait contrôlable.
Dans l’autre cas, alors qu’avant une petite crise passagère de mélancolie pouvait me faire sombrer, j’ai aujourd’hui l’impression qu’une sorte de filtre enveloppe ce sentiment à l’intérieur de moi et le rend beaucoup plus diffus, comme une sorte de soupir étouffé.

Très bizarre tout ça. Mais très agréable aussi de voir que je ne suis plus aussi sensible qu’avant et que ma sérénité nouvelle est aussi effective dans les moments moins idylliques de la vie de tous les jours.

Ah.

Et j’ai l’impression que mon odeur corporelle a légèrement changée. Je l’ai remarqué l’autre jour parce que j’aime parfois sentir mon avant-bras en sortant de la douche pour humer l’odeur du gel douche au musc que j’adore. Et hier j’ai constaté que le mélange olfactif entre le gel douche et ma peau donnait un parfum différent.

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Calor

18h.

Non. Ce post n’évoquera pas mes émois d’adolescent pubère liés aux hormones et à cette soudaine chaleur qui a envahit la ville (et le raccourcissement vestimentaire qui va avec).
Non. Je ne commenterai pas mes efforts pour ne pas devenir le type qui déshabille du regard la passante de la rue (vous savez, la douceur qui fascine et le plaisir qui tue…), ou celui qui, vraiment, se concentre pour la regarder dans les yeux.
Non, non, ce blog est bien trop lu pour ça.

Puisque je n’évoquerai pas tout ça, je me contenterai de parler du binder collant que je me farcis ces jours-ci. Parce que croyez-moi, avec une chaleur pareille c’est sympa…
Vivement l’opération, ça va être vraiment sympathique de pouvoir porter à nouveau des t-shirts à même le corps !

1h30

Toute cette testostérone dans mon sang me fait me questionner : est-ce qu’à part être heureux je vais changer de caractère et devenir un macho man ? J’en parlais déjà par mail à F. il y a un (long) moment :

« Après ? Ben j’espère que les gens réagiront bien et que D. arrêtera de m’imaginer (en blaguant mais quand même) comme un futur macho… Pfff. Bon, c’est pas parce que j’omet de dire en public le fait que j’adore les comédies romantiques (ndlr : ce qui est obviously faux !) et que je me remets à m’intéresser au foot, que je vais devenir un connard homophobe. Pff, n’importe quoi ce type. »

Après quelque mois sous T, verdict ? Hum. C’est dommage, ce serait cool si on pouvait mettre ce type de comportement sur le dos de la testo. Malheureusement je crains d’être au contraire beaucoup moins nerveux qu’avant, beaucoup plus posé, zen. Parfois j’aurai même tendance à me sentir limite comme une peluche, pas du tout viril. Il faut que je travaille mon côté bad boy !

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2009

En ce moment je me replonge un peu dans mes vieux écrits – ceux de la période noire – que je n’avais aucune envie de relire il y a quelques mois.

Aujourd’hui c’est différent. Je repense souvent à un passage du livre de Yanni Kin : « Lorsque tu seras arrivé au bout de ta route, alors tu pourras t’asseoir, contempler tous ces chemins qu’il t’a fallu emprunter pour en arriver là où tu seras, et puis, enfin, tu pourras dormir. »

Je sais que je ne suis qu’au début du chemin, mais je ne vois plus un mur. Au contraire, la route est dégagée. Et finalement, malgré une année 2007 vraiment sans fin (littéralement), je ne suis pas si loin des projections que j’avais fait, un matin optimiste de février 2007, en écrivant une lettre que je n’ai jamais envoyé à F. :

« À ce propos. Evidemment, le fait que j’aille mieux, que mon « équilibre biochimique » semble se stabiliser, et que j’ai désormais extrêmement hâte de me faire piquer et de passer sur le billard (pourtant tu connais ma passion pour les seringues, la vision du sang & co…), ne fait pas dire à mon psy « gooo ». Il veut voir comment j’évolue, etc. C’est chiant. Avec de la chance, je pourrais commencer cet été (ce qui va m’emmerder un peu quand même pour la chaleur, la plage, etc).
Je pense que dans ce domaine le fait d’en parler à mes parents aidera à lui faire me donner accès au traitement.

De toute façon mon but et quand même de réduire au maximum le temps à vivre en tant qu’androgyne (visiblement je veux dire, parce qu’avant le changement d’état civil je le serai toujours). Ce temps est au minimum de 3 ou 4 mois, le temps d’avoir les premiers effets de la testo (voix surtout, pour passer). Donc je pense que je couperai mes cheveux que très peu de temps avant la testo (je psychote grave là-dessus, quelle coupe etc, je pense que je vais opter – au début en tout cas – pour le symbole et les couper très très cours).
Après, si je commence la testo cet été j’aimerai (il me faut quand même 8000 $) aller me faire opérer à San Francisco, si possible en janvier ou février 2008 pour pouvoir cicatriser avant l’été 2008.
Ensuite il me restera l’hystérectomie et le changement d’état civil qui est long (minimum 6 mois), chiant et horrible : avoir son corps de mec, de la barbe et devoir passer ses exams, ses rendez-vous professionnels & co sous le nom de V….

Avec un peu de chance je devrais donc naître Sam aux yeux de mes proches cet été, et aux yeux de l’administration aux alentours de 2009… Mais ça me réjouit hautement. »

Malgré le décalage d’un an, je fais globalement ce que j’avais prévu, et je naîtrais administrativement en 2009. Ca me fait vraiment plaisir de voir que finalement j’ai réussi à trouver une porte dans le mur, et qu’effectivement il y avait cette putain de route derrière…

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Sam 2.1

J’ai envie de reprendre cette idée de plénitude nouvelle évoquée dans le précédent post. Parce qu’en fait, j’ai surtout évoqué ici les changements physiques. Mais le mental suit. Plus j’avance dans la transition, mieux je me sens. Je sens que petit à petit je retrouve une vitalité, une joie de vivre et énergie que la dépression avait enterré bien trop longtemps. Et puis bien sûr il y a ce sentiment général de bien être qui me fait vraiment apprécier les choses sous un angle totalement différent. Je redécouvre, je réapprends, c’est fou. Je crois que je suis shooté à la pilule du bonheur…

On en parlait tout à l’heure avec C. et D., ce pas – mental – franchi ces derniers temps, m’amène à la version 2.1 de moi-même (So Geek. I know). Il y a deux mois c’était autre chose. J’avais eu ma première piqûre mais j’avais l’impression désagréable d’être dans une salle d’attente. Je n’avais pas franchement la motiv’ de quoi que ce soit, je voulais juste pouvoir être projeté dans le temps, avoir la voix plus grave, etc.

J’ai passé un bon mois à être relativement fermé sur moi-même. Pas parce que les autres me gonflaient ou quoi que ce soit, mais parce que j’avais juste envie que le temps passe. Et souvent dans ces cas je me plonge dans le cinéma. Voir des films. En permanence. Trois ou quatre par jours. Fuir la réalité.

J’étais assez froid avec mes colocs, me limitant aux contacts minimums. Ce qui m’embêtait parce que j’avais totalement conscience que c’était moyennement sympathique, mais rien à faire, j’avais juste du mal à prendre le moindre plaisir dans ce quotidien sans histoire…
Plus le temps passait, plus je me disais que ça pouvait plus durer. Vivre avec trois autres personnes et ne plus être que l’inconnu au fond du couloir. Pas top.

Et puis comme toujours dans ce genre de cas, la situation a changé, d’elle-même. Je n’ai soudain plus eu très envie de regarder de nombreux films. J’avais envie de me re-sociabiliser, de m’ouvrir plus, de profiter de ces derniers mois de coloc.

La redescente dans le monde des hommes s’est faite progressivement. Sur deux semaines je dirais. Recommencer à discuter le soir avec eux. Recommencer à sortir, à assister à des évènements sociaux. Bref, reprendre pieds dans la vie réelle.

C’est la donc la version 2.1 de Sam qui vient d’arriver, à télécharger dès maintenant sur le site.

Je crois qu’en fait j’avais juste besoin de me sentir mieux dans ma peau. D’avoir une voix plus grave pour recommencer à parler. De renvoyer une image plus masculine aux gens pour les laisser me regarder.

Enfin voilà, je voulais revenir sur la période un peu complexe dont je viens de sortir, où j’étais partagé entre joie sincère de démarrer et impatience frustrante d’en voir les effets…

D’ailleurs, j’en n’ai jamais vraiment parlé avec D., C., et M., donc je me demande un peu l’effet qu’a pu leur faire le constat de ces différentes phases… Et puis, même si j’ai pas vraiment eu l’occasion de leur dire désolé pour ces quelques semaines un peu bizarres, où j’étais plus un fantôme qu’autre chose, je sais qu’ils liront ce blog un jour ou l’autre, c’est déjà ça…

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« Mais…c’est pas vous ! »

Aujourd’hui j’ai beaucoup ris intérieurement. Il faut dire je suis de très bonne humeur en ce moment, j’ai l’impression que j’ai atteint la plénitude totale. Je me rapproche de Siddhârta.

Oui donc. La scène se passe au guichet d’une grande chaîne de cinéma avec qui je ne partage, apparemment, pas que du cinéma…

Moi : Une place tarif étudiant pour Shine a Light s’il vous plaît.
Lui : Vous avez votre carte ?

Je lui tends alors ma carte sans vraiment penser quoi que ce soit (l’autre fois le type du guichet de l’expo de Patti Smith avait rien calculé).
Il la regarde machinalement puis marque un temps d’arrêt. Je vois l’hésitation sur son visage.

Lui : Mais…c’est pas vous !
Moi (très calmement) : Si, si, c’est moi.
Lui : Euh…?
Moi : Si, si, je vous assure que c’est moi.

J’esquisse un sourire. Il bloque. Je vois bien qu’il hésite. Insister ou juste laisser tomber, finir cette putain de journée et rentrer chez soit sans se prendre la tête avec client. D’autant que juste avant il s’était tapé deux vieux super chiants qui voulaient savoir tout un tas d’infos sur une carte…

Lui : Ah… Excusez-moi de loin j’avais mal vu. Je suis désolé.

J’ai envie d’éclater de rire. C’est quoi cette réplique minable “j’avais mal vu”. N’importe quoi. Le pauvre. D’un autre côté je suis un peu rassuré. Ca m’aurait saoulé d’expliquer la situation.

Moi : Pas de problème, vraiment.

Voilà, ensuite il plus rien dit.

C’était très divertissant.

Et puis ensuite D. m’a rejoint et on a vu un Mick Jagger génialement ouf sur scène… mais ma palme du rocker le plus cool de la terre va définitivement à Keith Richards.

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Normal Adolescent Behavior

Juste pour dire qu’aujourd’hui, pour la première fois, ma voix n’a pas arrêté de jouer avec les aigus et les graves. C’était amusant et totalement… adolescent pré-pubère.

Très chelou comme sensation d’avoir la voix qui se casse puis monte d’un coup dans la même phrase.
D. et M. se sont bien marrés du coup !

À part ça on a passé une très bonne journée. Levée tardive à la coloc (vers 14h), puis glandouille, puis D. et M. ont décidé d’aller voir Shine a light ce qui me tentait bien aussi. Direction les Halles, un jour férié, en étant à la bourre. Evidemment on a raté la séance. D. et M. on quand même pris une place pour un autre film, puis on allé prendre un pot. Et là brillante idée : et si on organisait un apéro à la coloc ? En deux temps et une dizaine de coup de fils, on avait organisé le truc, et on montait sur des vélib’ pour rejoindre Belleville, le seul endroit où acheter des trucs un 1er mai…

L’apéro a duré jusqu’à minuit, D. s’est déguisé en gars à la plage, moi en pseudo Indiana Jones / Rambo, M. en danseuse des années 30 et C. a juste enfilé un chapeau.
Enfin, on était une dizaine et on a passé une très bonne soirée.

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T Day

Oui donc comme prévu lundi j’ai eu ma 4ème injection.

D’ailleurs, c’est de plus en plus bizarre à la pharmacie. Ca m’amuse relativement cela dit, de voir les gens bloquer devant l’ordonnance. De la testo pour apparemment un jeune type mais qui se trouve avoir une carte vitale avec un petit « 2 » et un prénom féminin. Hum… En plus l’endoc a enlevé le « Mlle » sur l’ordonnance, et a simplement mis mon initiale pour le prénom.

Sinon au centre médical c’était marrant parce que c’était l’infirmière que j’avais eu la première fois, mais pas depuis. Du coup elle a halluciné sur les changements, « le bas du visage », les épaules, la voix…

Pendant la piqure j’ai eu ma – désormais habituelle – sensation de planer pendant quelques brefs instants. J’arrive toujours pas à vraiment mettre de mots sur la sensation cela dit. C’est entre ce que j’imagine être la sensation d’un shoot, et quelques secondes de détachement total de mon propre corps. Ou du sol. Ou des deux.

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