Le Loup des Steppes

Transition d'un jeune loup FTM

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« To go forward, you must backup. »

J’amène mon ordinateur à réparer cette aprem, donc ne vous inquiétez pas si je disparais de la sphère cybernétique pendant une dizaine de jours, je serai juste dans l’autre sphère, vous savez, celle de la vraie vie…

Pensez à moi quand même, la vie va être dure sans ordinateur… Je vais devoir lire, voir des amis, aller au cinéma, l’horreur quoi ! ^^

Edit : Je viens d’obtenir mon pass ciné illimité UGC au nom de Samuel !!! Youpi, je suis très content. Le guichetier était super gentil et compréhensif en plus ! Et du coup pour l’administration d’UGC je suis « deux personnes » (l’abonné et le payeur)… Huhu.

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Psy

Oui donc hier j’ai vu mon psy… Pas assez longtemps à mon goût (comme d’hab, environ une quinzaine de minutes…), mais bon, quand même, c’était cool.

Pour la première fois de ma vie j’ai dis des choses personnelles à un psy (I know…). Par personnelles j’entends, non liées à la transition, que je ne dis pas ou peu au gens (même très proches) normalement et surtout qui sont des vérités qui, énoncées à voix haute, me rendent vulnérable.

Reconnaître ses erreurs relationnelles récurrentes (nombreuses), mettre en doute sa capacité à ne pas être un robot répondant à un système prédéterminé par un début de parcours/vie chaotique, reconnaître/ressentir que cette entrée dans la vie a pu effectivement faire des dommages collatéraux, ce genre de choses…

Ce qui est agaçant avec les psys c’est qu’ils savent tout, évidemment. À peine j’ai commencé à dire « pourquoi est-ce que je repousse toujours les gens qui sont trop proches et que… » qu’il a terminé ma phrase par « et que vous aimez ceux qui vous rejettent ? ». Hum. Apparemment, l’ego has landed (l’égo s’est développé) mais pas assez pour que je ne trouve pas les gens qui m’aiment un peu « trop » complètement déraisonnables…

Et puis la peur du rejet, de l’engagement toussa. Du coup, au moins, j’ai compris pourquoi JE sabordais « volontairement » et de façon récurrente certaines relations. Arrivé à un certain point, c’est tout simplement plus simple d’être celui par qui la rupture arrive que de prendre le risque d’être rejeté à un moment ou à un autre.

Et effectivement, mettre sur un piedestale quelqu’un avec qui il n’y a aucun risque de dérapage incontrôlé (parce que pour être rejeté de façon douloureuse, il faut d’abord être aimé), c’est l’idéal.

Du coup, je suis plus que jamais motivé pour poursuivre ma quête du graal vers une personnalité renouvelée… Etre plus fort, ne plus reproduire les mêmes erreurs, etc. Et tout ça c’est pas que des mots hein, j’ai aussi agit dessus, pas plus tard qu’hier !

La difficulté étant, que quand on agit contre soi-même (même pour son propre bien), il faut passer la barrière du ressenti. Pas évident donc, quand on se bat contre un ressenti plutôt que contre des pensées intellectualisées…

Du coup, j’ai un système : me forcer à prendre sur moi pour toutes les actions relationnelles (et autres, mais pour les autres c’est différent) qui me pèsent / me stressent / m’angoissent parfois, pour qu’ensuite (après avoir constaté que bon, c’est pas la mort, faut pas déconner) mon ressenti change.
Avec ce système, je pense ne plus être un sociopathe angoissé dans quelques mois et ne plus ressentir la moindre appréhension dans différentes situations (prendre un verre, seul, avec certaines personnes, être dans une soirée peuplée si je ne bois pas, etc).

Bon. Je fais un peu ma thérapie ici aussi on dirait… Mais dans le fond, écrire les choses c’est tout aussi thérapeutique, et parfois c’est simplement en mettant en mots les choses qu’on est vraiment capable de les comprendre…

En tout cas, je vais voir le psy beaucoup plus régulièrement désormais, parce que c’est vrai que ces derniers temps je l’ai peu vu (pas de l’été) et que mine de rien, non seulement la transition me pèse parfois, mais aussi, je réalise que j’ai beaucoup de choses à régler avant d’être véritablement un free man…

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Action de corps exclu

Image extraite de l’installation multimédia XYXX Mosaïc identity de Klonaris et Thomadaki.

« Au commencement était le mot. Et du mot vint l’exclusion. L’histoire a commencé d’une expulsion pareille. Nous sommes les enfants de ceux qui ont cédé la place, nous sommes les enfants d’histoires de ceux qui ont cédé le pas. Nous sommes tous des enfants d’immigrés. Toute la culture est ce tiers exclus. Et le mot se fit corps.Corps lieu de tous les marquages, de toutes les blessures, de toutes les traces. Dans ta chair s’inscrivent les tortures, les interdits des classes sociales, les violences des pouvoirs dispersés mais jamais abolis. Aujourd’hui, seuls les exclus créent. Car c’est leur corps qui parle, énonce le refus. Corps de refus, corps vendus non acheté, corps condamné, corps prostitué, corps torturé, corps outil de travail, corps pédé, corps drogué, corps alcoolique, corps malade, ici et maintenant la parole du corps est corps, son insurrection de viande consciente vers le sacré, vers l’autre n’est peut-être simplement de la fulgurance ontologique de la caresse. »

Extrait du texte de l’action de Michel Journiac, réalisée au Musée National d’Art Moderne Centre Georges Pompidou, 19 novembre 1983.

J’ai traduit ce texte en anglais pour l’association de diffusion queer Le Peuple qui manque il y a quelque temps, le film sera diffusé au NY Queer Experimental Film Fesival en octobre.

Pourquoi mettre une partie de ce texte en ligne maintenant. Parce que je le trouve beau. Et qu’il me parle, là, maintenant.

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Tournage #1 – MAG

J’ai passé une super journée ! Y’a pas à dire, pour moi, les tournages c’est la vie. Surtout que là j’ai réussi à mélanger les deux choses qui comptent beaucoup dans ma vie, à savoir : le cinéma / la création et la « culture queer ».

C’était pour le tournage d’un clip de promo pour le MAG (asso LGBT parisienne pour ceux qui ne connaissent pas) qui « accueille officiellement » les bi et les trans (asso plus homo à la base).

Et, attention, info exclusive et « choquante » : je « joue » dedans (entre guillemets parce que c’est un pour un clip donc le rôle est muet). En gros 6 personnes représentent les lettres LGBT et moi je suis un B (y’avait déjà E. pour le trans FTM).

Cette journée m’a aussi permis de rencontre E., que je lis depuis plusieurs mois (son blog) et que je fréquente sur les différents forums. C’est toujours hyper agréable d’enfin mettre un tête sur pseudo et ça m’a vraiment fait plaisir de le voir.
Il y avait aussi Cw que j’avais vu pour la première fois la semaine dernière et avec qui je trip aussi vraiment bien (même délire ciné, même motiv pour tout un tas de projet, etc). Et puis A., bien sûr, réalisatrice et présidente du MAG. J’ai également pu croiser J. pour la première fois, et rencontrer plein d’autres lesbiennes, gays, gender variants (c’est bizarre de résumer comme ça mais bon) très sympas !

Je suis ravi, et très content d’avoir figuré dans le film parce que dans son genre c’est une grande première ! Je mettrai des captures d’écrans ici dès que Cw m’en fera parvenir !

Et puis aux pauses café, repas ou goûter on a pu discuter de nos différents ressentis, de nos perceptions et expériences… C’était à la fois enrichissant et exaltant de pouvoir parler de tout ça avec des gens qui comprennent et/ou ressentent les choses parfois différemment. Au-delà des parcours et des cases, tout ça m’a fait beaucoup de bien.

Ah et puis on m’a appelé « Samuel » toute la journée c’était cool aussi. J’adore le diminutif Sam mais j’avoue que c’est agréable aussi d’être appelé « en entier » parfois !

Du coup je suis remotivé par la vie, et l’envie de faire tout un tas de projets me porte et m’empêchera je pense de trop rester dans ce mood « incertain » de ces derniers temps.

Agir pour ne pas penser, voilà une des clefs.

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Morphée

Pour situer, là j’écoute Enya en regardant la lune (c’est vraiment très beau, cela dit, de s’endormir en regardant la lune), c’est pour dire à quel point c’est grave ! Le sommeil est difficile à trouver ce soir…

Oh my god, I just figured it out ! J’ai peur du noir…mental !

Depuis tout petit je passe mes nuits (enfin, le moment – plus ou moins long – qui précède la rencontre avec Morphée) à m’imaginer des histoires dans lequel je serai garçon.

Pendant toute ma période noire, j’ai été très malheureux de constater que je ne pouvais plus (futur bloqué, mur, trop douloureux et surtout c’était devenu de l’ordre « possiblement réel »).

Et puis un jour le futur s’est éclairci mais et puis j’ai repris, par habitude. Et même si cette tendance me fait perdre contact avec la réalité, c’est (re)devenu vital.

Comme je suis un grand romantique (si, si !). Ces « histoires » ont toujours impliqué quelqu’un, avec des phases de blocage plus ou moins longues.

Mais bref, si j’en parle maintenant c’est réalise maintenant pourquoi je créé des histoires impossibles dans la vie réelle : pour mieux les rêver ensuite ! Ca craint.

Je prends conscience que ce qui était un mécanisme de survie a entraîné un problème affectif (et cette tendance à préférer la fiction à la vie !). Je me rends aussi compte que du coup, quand on m’enlève cette part de rêve (parce que la vie m’empêche de continuer ma petite vie nocturne et/ou que bon, j’aimerai bien pouvoir me débarrasser de cette tendance irréaliste), je me sens bien triste.

Heureusement que je revois mon psy mardi pour en parler et essayer de comprendre cette préférence pour la fiction, ce mécanisme de répétition, ce « goût » pour les histoires (réelles) toujours impossible, cette peur du vide mental, de la solitude avant de tomber dans le sommeil…

Pendant un temps, je n’arrivai pas à dormir car mon cerveau ne s’arrêtait jamais, que je pensais à des milliards de choses en même temps, mais maintenant, ce qui m’embête c’est ce vide.

Alors, à quoi vous pensez vous avant de vous endormir ???

(Perso, j’ai déjà essayé le côté « check list pour le lendemain » mais ça m’ennuie, me stresse parce que je peux rien faire et que ça repousse mon sommeil tout en rapprochant l’échéance, etc…)

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Sometimes

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Existrans 2005

Juste parce que cette photo m’apaise.

La sérénité de son visage, l’esquisse d’un sourire, ce regard fort, presque amusé, défiant, la paix intérieure qui se dégage d’elle. Merci J.

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Organe

Il y a quelques temps j’avais écrit un post que je n’ai jamais mis en ligne… Ca parlait de mon rapport à l’hysté…

« Ce post part du principe que je me ferai opérer le 23, ce qui n’est pour l’instant pas certain hein !

Vous devez vous dire « wow, dans quinze jours, ça fait tôt ! ». De mon côté, je n’en pense rien. Pas vraiment de stress, pas spécialement hâte non plus parce que je n’éprouve pas de haine particulière vis-à-vis des ces trucs là que je suis pas obligé de voir tous les jours (irk heureusement !). Je regrette juste d’avoir renoncé à ma résolution de ne plus boire une goûte d’alcool au lundi 1er septembre et d’avoir rebu pendant un week-end d’anniversaire. Mais je vais pas parler de ça parce que je vais m’énerver contre moi-même autrement…

Sinon, pour être honnête, j’ai réalisé il y a à peine un mois que l’utérus était un organe (je ne plaisante pas)… Avant ça ce n’était pour moi qu’un mot. Qui n’avait rien à voir avec moi. Au moins ça veut dire que je n’ai aucun lien (et encore moins, d’attachement) avec ce truc ! Les ovaires elles me dégoûtent. Le mot est moche.

Cela dit, depuis que j’ai percuté ça, ça me dégoûte un peu d’imaginer le médecin enlever un organe (et encore plus d’imaginer que, même dans le coton, je serai quand même cliniquement éveillé quand il l’enlèvera). Mais juste pour le concept quoi, parce que sinon, cet utérus, je m’en contrefiche royalement. S’il n’y avait pas de risque de complications, kystes and co avec le traitement hormonal, je me passerais bien de cette opération qui ne va rien changer à ma vie de tous les jours. Mais elle aura des conséquences bien pratiques donc je ne vais pas m’en plaindre…

Après, c’est clair que j’ai pas spécialement hâte de repasser sur le billard… Mais en fait j’éprouve plus un sentiment de lassitude qu’une réelle appréhension pour l’opération elle-même.
En revanche j’appréhende la douleur post-op (c’est fou n’empêche, comment on oublie vite ce que ça fait d’avoir mal physiquement !), même si j’ai encore des pills américaine que je ne me gênerai pas de prendre si j’ai trop mal.
J’appréhende aussi le séjour à l’hôpital qui va m’ennuyer un maximum je pense. Enfin, je prendrais mon mal en patience, et j’en profiterai pour enfin finir Le Livre de l’intranquillité de Pessoa, pour regarder des films, et pour finir les Sopranos !

Bon et puis au moins, quand je pourrai enfin recommencer à vraiment bouger et à faire du sport ce sera pour de bon. Parce que la perspective d’être à nouveau tout à fait mobile pour être à nouveau diminué quelques semaines après me tentait bof. Au moins, là, j’ai peut-être retrouvé une partie de mes capacités physiques, mais je suis encore loin de faire tout un tas de choses, et brancher (ou pire, débrancher) des prises un peu dures me fait toujours aussi mal (les mouvements brusques ou latéraux restent complexes)…! Du coup ce sera pas si dur de redevenir un infirme pour quelques temps. D’autant plus qu’en hiver c’est plus facile d’être une larve ! »

Bref, après les épreuves de ces derniers jours je ne ressens plus les choses pareilles.

Déjà, avec la consultation j’ai été violemment confronté à ce corps si féminin et moralement c’est vraiment pas évident. Je ne pensais pas mais c’est finalement une épreuve vraiment dure, de se confronter à cet utérus, ces ovaires, prendre conscience que c’est vraiment là, parler de tout ça, etc…

D’autre part, le traumatisme a vraiment influé sur mon rapport à mon corps. À savoir que depuis hier je suis vraiment dégoûté par ce corps que je (re)réalisme féminin, je n’ai plus aucun désir (libido inexistante) et j’ai l’impression qu’il va me falloir du temps avant que je laisse qui que ce soit me toucher.

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Résistrans…

Merci à tous/tes pour les gentils commentaires/mails/MP/texto, ça fait vraiment plaisir de pas se sentir seul face à cette sombre histoire !

Sinon, je suis encore un peu à l’ouest et pas complètement remis de cette aventure. D’ailleurs, j’ai dormi toute la journée et il a vraiment fallu la motivation d’internet (que je n’ai pas encore dans mon studio) pour me hisser hors de mon lit aujourd’hui.

Mais bref, au risque de me répéter vu que j’en ai déjà parlé sur le forum : concernant l’avenir, après le rdv je me suis dis que je pouvais peut-être supporter tant de conneries pendants les quelques jours d’hospitalisation, et que c’était mieux que l’opération par voix haute (dommage parce que le Dr G. et son staff sont gentils et respectueux)… Mais avec le recul je refuse de cautionner un tel comportement et un tel mépris ! Quitte à devoir continuer à démarcher des chirurgiens (ce qui n’est vraiment pas une partie de plaisir) et à attendre. Parce que, en plus du mauvais feeling et de son manque total d’humanité, je n’ai pas envie de « faire avec » et de supporter ça juste parce que je n’ai pas d’autres noms de chir…! Donc je vais continuer à chercher sur Paris et dans le sud, Montpellier ou ailleurs…

Bon et puis ouais je pense sérieusement à écrire un courrier à l’hôpital et au Dr P. (chef du service) pour leur dire un peu ce que je pense de tout ça…! Je regrette juste de ne pas avoir eu mon micro-cravate, j’y avais pensé la veille en plus, dommage qu’il soit à Montpellier…

Ce qui m’énerve c’est que de nos jours la transphobie est loin d’être encore considérée comme l’homophobie parce que, « quand même, c’est bizarre »… Du coup, je pense que les gens qui ne sont pas concernés s’en tappent un peu, et que mon courrier n’aura pas vraiment d’impact… Ces jours-ci je réfléchis à une idée de petit spot en mode « stop transphobie » pour montrer qu’on est des humains quand même (!!!), mais j’ai pas encore trouvé d’idée assez accrocheuse…

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Sc.2, Dr D. – Int / Jour – Hopital Intercommunal de Créteil – Part 2

Oui donc… Vraiment pas évident de se replonger dans tout ça pour écrire ce post…

Acte III. La consultation, un des pires moments de ma vie.

Encore un peu traumatisé par le « Madame B. » et les regards de toutes ces femmes, j’avais la tête en feu en ce début de rendez-vous. J’ai balbutié pendant quelques minutes, incapable d’articuler quoi que ce soit… Dans la salle, le Dr D. et (heureusement !!!) une assistante, d’environ mon âge, cute et vraiment adorable.

Le rendez-vous commence et ce mec ne m’inspire vraiment pas confiance. C’est évident qu’il me juge, qu’il ne connaît rien sur les trans, et en plus il n’est vraiment pas aimable. Il parle mille fois de « mutilation » et se demande si juridiquement il ne faudrait pas un papier légal (je lui dis, calmement, que la justice ne veut justement pas entendre parler des trans avant l’hysté… il met en doute ma parole…).

Il veut tout savoir, me questionne sur mon parcours, me demande avec amusement « comment ça m’est venu », me demande ce que mes parents en pensent, me questionne sur mon adoption, me demande avec agacement pourquoi je me suis fait opéré aux Etats-Unis, ne rate pas une occasion de me parler au féminin, même quand je viens juste de lui dire que je suis « étudiant », etc.

Honnêtement, heureusement que son assistante était là. À part le reprendre une ou deux fois sur le féminin (déjà énorme en soit), elle n’a quasi rien dit mais j’ai senti son regard de soutien pendant tout le rendez-vous. À chaque V. j’ai senti son regard sur moi, son malaise face à au manque d’humanisme et d’empathie du Dr D. Elle a peu fait « réellement » mais putain sa présence a été salvatrice. Témoin du mépris du Dr D. elle m’a permis de tenir le coup et de ne pas me sentir trop oppressé sous le voyeurisme et les questions déplacées de ce docteur.

Docteur qui m’a demandé sans gêne (et avec un sourire) si j’avais un « compagnon, ou une compagne, ou, euh, enfin, ce que vous avez… ». Comme si je n’étais qu’un truc, qu’un « it »…

Ensuite il m’a dit qu’il allait m’ausculter. Sous le choc, je lui ai fait comprendre mon étonnement et lui ai dit que j’avais consulté un chirurgien avant qui ne m’avait pas ausculté. Il a joué les gars outré, critiquant son confrère (que je soupçonne d’avoir eu beaucoup plus de tact et d’humanité, lui qui m’a parlé au masculin, contrairement à ce connard)…

Pour être honnête, pendant quelques secondes j’ai pensé à partir en courant. J’ai vraiment été submergé par un « c’est pas possible » mais la T aidant j’ai réussi à ne pas craquer et à rester là pour affronter cette horreur. La jeune stagiaire m’a demandé si ça me gênait qu’elle soit là et si je préférai qu’elle sorte. Gêné, je lui ai dit que oui, je préférais qu’elle sorte. Très gentille, elle m’a dit en souriant qu’il n’y avait pas de problème et que c’est pour ça qu’elle demandait.

Puis, méprisant, le Dr D. m’a demandé de me dépêcher de me déshabiller en me disant que c’était « pas sérieux » et qu’il n’avait pas de temps à perdre. Il m’a ensuite posé des questions. A grommelé comme si j’étais un freak quand je lui ai dis que j’avais jamais vu de gynéco avant. Tout ça sans aucune considération pour mon sentiment actuel. Je vais pas parler de viol parce que ce serait déplacé et qu’on ne peut sans doute pas comparer. Mais, honnêtement, je n’ai jamais été autant humilié et blessé dans ma personne que pendant ces quelques minutes.

Il a voulu voir « ma poitrine » en passant, a soulevé mon t-shirt, a touché en appuyant fort sur ma cicatrice (ce qui m’a fait mal et m’a obligé à lui dire « doucement ! ») et m’a sorti un « vous auriez du vous faire opérer en France » cinglant. J’étais tellement choqué par la consultation à ce moment que je n’ai pas pu sortir quoi que ce soit. Mais malgré le choc j’ai tout de même pensé que c’était un sacré connard méprisant et inhumain !

Et puis il a fait sa consultation. Je vais même pas en parler parce que ça me dégoûte. Ca a été vraiment traumatisant et j’ai cru que je j’allais pas survivre à ce truc. Désolé mais je peux juste pas raconter, ni ses commentaires, ni son mépris, ni son manque d’humanisme…

Puis il m’a demandé de me rhabiller et à continué à me poser des questions, insistant sur l’aspect mutilation. Exigeant aussi des certificats de mon psy et de l’endoc pour pouvoir bloquer la moindre date (tout en continuant à mettre en doute ma parole et à insinuer qu’il faudrait probablement un papier d’un tribunal pour attester du truc, etc).

J’étais vraiment limite à ce moment, et je sentais que la stagiaire avait compris que j’étais vraiment au bord. Il a continué à me poser des questions, auxquelles j’ai répondu comme un robot, m’efforçant de ne pas lui montrer ce que je ressentais.

À ce propos, vive la T qui contient les larmes (même si la souffrance sourde est probablement plus dure), et malgré tout j’ai vraiment failli craquer…

J’ai réussi à lui poser quelques questions et puis il m’a sorti – en remplissant mon dossier – un « mais donc vous avez déjà le prénom V. ? »… Choqué, je lui ai dis « non, j’ai encore le prénom V. ! ». Et là il s’est excusé trois fois et j’ai compris que depuis le début il me croyait probablement MTF…. Ce qui est vraiment énorme vu que je consultais pour une putain d’hystérectomie….!!!! Mais à sa tête j’ai compris la confusion, la gêne, et j’ai compris, du coup, la réflexion sur ma « poitrine »…..

Bref. là je me suis dis que ce mec était non seulement un con mais en plus un abruti.

J’ai quand même essayé d’en savoir plus sur une date d’opé, et même s’il m’a dit qu’il ne bloquerait rien sans avoir les certificats, que ça pourrait être vers novembre, vu qu’il n’y avait pas de contre-indication médicale…

À ce moment j’étais vraiment à bout et je voulais juste partir en courant.

Le rdv s’est terminé et j’ai salué chaleureusement la stagiaire qui m’a souri d’un air vraiment compatissant type « désolé que tu sois tombé sur ce con, je te comprends moi »….

Et puis je suis parti, chancelant et complètement à bout, éprouvé, fatigué, vidé…

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