Le Loup des Steppes

Transition d'un jeune loup FTM

Sc.2, Dr D. – Int / Jour – Hopital Intercommunal de Créteil – Part 2

Oui donc… Vraiment pas évident de se replonger dans tout ça pour écrire ce post…

Acte III. La consultation, un des pires moments de ma vie.

Encore un peu traumatisé par le « Madame B. » et les regards de toutes ces femmes, j’avais la tête en feu en ce début de rendez-vous. J’ai balbutié pendant quelques minutes, incapable d’articuler quoi que ce soit… Dans la salle, le Dr D. et (heureusement !!!) une assistante, d’environ mon âge, cute et vraiment adorable.

Le rendez-vous commence et ce mec ne m’inspire vraiment pas confiance. C’est évident qu’il me juge, qu’il ne connaît rien sur les trans, et en plus il n’est vraiment pas aimable. Il parle mille fois de « mutilation » et se demande si juridiquement il ne faudrait pas un papier légal (je lui dis, calmement, que la justice ne veut justement pas entendre parler des trans avant l’hysté… il met en doute ma parole…).

Il veut tout savoir, me questionne sur mon parcours, me demande avec amusement « comment ça m’est venu », me demande ce que mes parents en pensent, me questionne sur mon adoption, me demande avec agacement pourquoi je me suis fait opéré aux Etats-Unis, ne rate pas une occasion de me parler au féminin, même quand je viens juste de lui dire que je suis « étudiant », etc.

Honnêtement, heureusement que son assistante était là. À part le reprendre une ou deux fois sur le féminin (déjà énorme en soit), elle n’a quasi rien dit mais j’ai senti son regard de soutien pendant tout le rendez-vous. À chaque V. j’ai senti son regard sur moi, son malaise face à au manque d’humanisme et d’empathie du Dr D. Elle a peu fait « réellement » mais putain sa présence a été salvatrice. Témoin du mépris du Dr D. elle m’a permis de tenir le coup et de ne pas me sentir trop oppressé sous le voyeurisme et les questions déplacées de ce docteur.

Docteur qui m’a demandé sans gêne (et avec un sourire) si j’avais un « compagnon, ou une compagne, ou, euh, enfin, ce que vous avez… ». Comme si je n’étais qu’un truc, qu’un « it »…

Ensuite il m’a dit qu’il allait m’ausculter. Sous le choc, je lui ai fait comprendre mon étonnement et lui ai dit que j’avais consulté un chirurgien avant qui ne m’avait pas ausculté. Il a joué les gars outré, critiquant son confrère (que je soupçonne d’avoir eu beaucoup plus de tact et d’humanité, lui qui m’a parlé au masculin, contrairement à ce connard)…

Pour être honnête, pendant quelques secondes j’ai pensé à partir en courant. J’ai vraiment été submergé par un « c’est pas possible » mais la T aidant j’ai réussi à ne pas craquer et à rester là pour affronter cette horreur. La jeune stagiaire m’a demandé si ça me gênait qu’elle soit là et si je préférai qu’elle sorte. Gêné, je lui ai dit que oui, je préférais qu’elle sorte. Très gentille, elle m’a dit en souriant qu’il n’y avait pas de problème et que c’est pour ça qu’elle demandait.

Puis, méprisant, le Dr D. m’a demandé de me dépêcher de me déshabiller en me disant que c’était « pas sérieux » et qu’il n’avait pas de temps à perdre. Il m’a ensuite posé des questions. A grommelé comme si j’étais un freak quand je lui ai dis que j’avais jamais vu de gynéco avant. Tout ça sans aucune considération pour mon sentiment actuel. Je vais pas parler de viol parce que ce serait déplacé et qu’on ne peut sans doute pas comparer. Mais, honnêtement, je n’ai jamais été autant humilié et blessé dans ma personne que pendant ces quelques minutes.

Il a voulu voir « ma poitrine » en passant, a soulevé mon t-shirt, a touché en appuyant fort sur ma cicatrice (ce qui m’a fait mal et m’a obligé à lui dire « doucement ! ») et m’a sorti un « vous auriez du vous faire opérer en France » cinglant. J’étais tellement choqué par la consultation à ce moment que je n’ai pas pu sortir quoi que ce soit. Mais malgré le choc j’ai tout de même pensé que c’était un sacré connard méprisant et inhumain !

Et puis il a fait sa consultation. Je vais même pas en parler parce que ça me dégoûte. Ca a été vraiment traumatisant et j’ai cru que je j’allais pas survivre à ce truc. Désolé mais je peux juste pas raconter, ni ses commentaires, ni son mépris, ni son manque d’humanisme…

Puis il m’a demandé de me rhabiller et à continué à me poser des questions, insistant sur l’aspect mutilation. Exigeant aussi des certificats de mon psy et de l’endoc pour pouvoir bloquer la moindre date (tout en continuant à mettre en doute ma parole et à insinuer qu’il faudrait probablement un papier d’un tribunal pour attester du truc, etc).

J’étais vraiment limite à ce moment, et je sentais que la stagiaire avait compris que j’étais vraiment au bord. Il a continué à me poser des questions, auxquelles j’ai répondu comme un robot, m’efforçant de ne pas lui montrer ce que je ressentais.

À ce propos, vive la T qui contient les larmes (même si la souffrance sourde est probablement plus dure), et malgré tout j’ai vraiment failli craquer…

J’ai réussi à lui poser quelques questions et puis il m’a sorti – en remplissant mon dossier – un « mais donc vous avez déjà le prénom V. ? »… Choqué, je lui ai dis « non, j’ai encore le prénom V. ! ». Et là il s’est excusé trois fois et j’ai compris que depuis le début il me croyait probablement MTF…. Ce qui est vraiment énorme vu que je consultais pour une putain d’hystérectomie….!!!! Mais à sa tête j’ai compris la confusion, la gêne, et j’ai compris, du coup, la réflexion sur ma « poitrine »…..

Bref. là je me suis dis que ce mec était non seulement un con mais en plus un abruti.

J’ai quand même essayé d’en savoir plus sur une date d’opé, et même s’il m’a dit qu’il ne bloquerait rien sans avoir les certificats, que ça pourrait être vers novembre, vu qu’il n’y avait pas de contre-indication médicale…

À ce moment j’étais vraiment à bout et je voulais juste partir en courant.

Le rdv s’est terminé et j’ai salué chaleureusement la stagiaire qui m’a souri d’un air vraiment compatissant type « désolé que tu sois tombé sur ce con, je te comprends moi »….

Et puis je suis parti, chancelant et complètement à bout, éprouvé, fatigué, vidé…

6 Comments so far

  1. Alexandre septembre 17th, 2008 1:20

    Putain les boules!
    J’avais déjà pas une opinion super haute depuis l’opé d’Arthur (mais bon, vu que c’est le seul à avoir osé dire les choses telles quelles, et encore il a fait soft, pour l’avoir vécu avec lui je peux l’assurer =_=, il passe tout le temps pour une chochotte alors qu’il est tout sauf chochotte!), de cet hopital et de ce service mais là ça me conforte dans ma colère ><

    J’suis vraiment dégouté Sam 🙁
    Et révolté!

    Désolé pour toi, sincèrement.

    Remets toi le mieux possible de ses émotions négatives et courage pour la suite 🙂

  2. Sam septembre 17th, 2008 1:25

    Merci bcp pour le message Alexandre ! C’est clair que c’est vraiment pas évident mais bon, je refuse de le laisser me détruire. Je serai plus fort que lui, même si c’est vraiment dur !

  3. Jojo septembre 17th, 2008 8:54

    je viens de lire… je suis consterné. j’espere que tu tiens le coup et que tu t’en remettras vite.
    quel sombre connard !
    faut pas se laisser abattre hein, courage.

  4. SkouaX septembre 17th, 2008 11:04

    Wow… Ben putain, j’suis super choqué et dégoûté pour toi :/
    J’trouve ça tellement abioused des médecins qui se permettent ce genre de choses, mais pouah quoi…
    J’espère aussi que tu te remettras de ce moment traumatisant…
    Et bon courage pour la suite (le seul point « positif » si on peut dire ça comme ça, c’est qu’il y a peu de chance d’avoir un rendez-vous aussi lamentable que ça… enfin quoique…)

  5. mum septembre 17th, 2008 4:57

    J’ai suivi un peu ces horribles péripéties.J’aurai voulu être là avec toi et je trouve que tu as été d’un calme et d’un courage remarquables.Tu as connu là le pire (mais aussi son contraire en la présence de l’assistante). Je respecterai ton choix final mais je suis encore très choquée et blessée moi aussi en tant que mère de cette bassesse. Gros bisou.

  6. Sam septembre 17th, 2008 9:14

    Merci merci pour les gentils commentaires, ça remonte le moral !